Les résultats mitigés de 3 ans de présence de Wagner au Mali

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En août 2025, l’ONG américaine « The Sentry » a publié une étude intitulée « L’effondrement des mercenaires : l’échec du groupe Wagner au Mali », quelques mois après l’annonce de la fin de la mission de cette société militaire privée russe. Implantée au Mali à partir de 2022, celle-ci serait actuellement remplacée par Africa Corps, une milice pilotée par le pouvoir russe.  A charge contre le bilan de Wagner, cette étude revient sur une « série d’échecs » qui auraient marqué trois ans de présence au Mali.
 
Les missions de Wagner : En 2022, Wagner avait été missionnée pour soutenir les Maliens dans la lutte antiterroriste, et plus particulièrement pour appuyer les forces armées maliennes (FAMa) dans la reprise du centre et du nord du pays, dont une grande partie est passée sous le contrôle des djihadistes. Ce soutien portait à la fois sur la surveillance, les opérations, la formation des militaires maliens etc. En outre, les mercenaires russes auraient participé à la protection du pouvoir d’Assimi Goïta, formant une quasi-garde prétorienne autour des autorités maliennes.
Peu de résultats malgré le coût des activités de Wagner : Pour s’offrir les activités de Wagner, Bamako aurait dépensé 10 millions USD par mois -soit plus de 100 millions USD par an- payés en espèces et en or extrait des mines nationales. Malgré ce coût, deux fois plus élevé que le budget annuel du ministère de la Justice malien, la coopération entre Wagner et le pouvoir n’aurait pas porté ses fruits selon « The Sentry ». Par exemple, le nombre de victimes de violences liées au JNIM aurait augmenté de 71 % au Mali au cours de l’année 2024.

D’une part, la SMP russe a vraisemblablement rencontré d’importantes difficultés opérationnelles, en partie dues à « l’insuffisance de soutien aérien et au manque d’information fiable ». A cet égard, la bataille de Tinzawaten (nord Mali) en juillet 2024 a marqué un tournant. Les FAMa et Wagner ont observé une lourde défaite face aux terroristes du JNIM, puis aux forces rebelles de l’Azawad. Le bilan humain rapporté par la majorité des observateurs s’élèverait à une cinquantaine de militaires maliens et au moins 80 soldats de Wagner.

D’autre part, la présence de Wagner aurait participé faire croitre la défiance des civils envers les forces armées maliennes. Les exactions commises par les mercenaires russes, largement documentées par des témoignages de Maliens sur les réseaux sociaux et par des rapports d’ONG, ont vraisemblablement accru le ressentiment des populations rurales, les poussant parfois dans les bras des groupes terroristes.

Des mutations mais pas d’amélioration sur le terrain : La présence russe au Mali a progressivement muté depuis la mutinerie conduite par E.Prigogine (ex-chef de Wagner à l’été 2023). En juin 2025, Wagner a annoncé son retrait du Mali, après avoir « accompli sa mission ». Si cette expression floue semble masquer la réalité, Wagner est bel et bien en train d’être remplacé sur le terrain par Africa Corps. Cette organisation paramilitaire officiellement annoncée par le Kremlin en 2023, a été placée sous l’autorité du ministère de la Défense. Dès la première semaine de son déploiement officiel au Mali, elle aurait subi une lourde défaite face aux forces rebelles dans la région de Kidal. Plusieurs morts russes auraient été dénombrés suite à cette offensive menée par le FLA le 13 juin 2025, à une quarantaine de kilomètres au sud d’Aguelhok. Plus récemment, un convoi d’Africa Corps serait tombé dans une embuscade tendue par le JNIM près de Ténenkou.

Malgré tout, Bamako semble poursuivre son partenariat sécuritaire avec la Russie. Au moins deux raisons peuvent être avancées à cet égard. D’une part, les autorités maliennes ont rompu avec la plupart de leurs anciens partenaires occidentaux et africains, et se retrouvent isolées sur le terrain. D’autre part, la société Wagner (et aujourd’hui Africa Corps) s’est immiscée dans de nombreux pans de la politique et l’économie malienne. Elle a par exemple développé un dispositif de guerre de l’information, produisant des trolls et des fake news pour valoriser le pouvoir malien et ses alliés.

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